“L’image de la Transylvanie en Hongrie et en Roumanie par le prisme de l’Ă©ducation: de la fin de la Seconde Guerre mondiale au changement de rĂ©gime (1945-1990)”

La Transylvanie a reprĂ©sentĂ© et continue de reprĂ©senter un territoire d’une importance inĂ©galĂ©e pour les Hongrois et les Roumains. Depuis le XIXe siècle, il rĂ©git les relations roumano-hongroises, les deux parties la plaçant au centre de leur construction nationale, tandis que cette rivalitĂ© est profondĂ©ment ancrĂ©e dans la conscience collective. Dans les premières annĂ©es qui suivent la Seconde Guerre mondiale, un tournant s’opère avec l’arrivĂ©e au pouvoir des partis communistes dans la nature des relations roumano-hongroises, puisqu’après 1945, la Hongrie et la Roumanie se retrouvent alliĂ©es dans le cadre de la formation d’un bloc idĂ©ologique imposĂ© par l’Union soviĂ©tique. Dans les deux pays, l’interprĂ©tation marxiste de l’histoire devient la doctrine exclusive des manuels scolaires publiĂ©s entre 1947 et 1989, bien qu’elle s’estompe quelque peu – principalement en Hongrie – Ă  partir des annĂ©es 1970. La question nationale est dĂ©clarĂ©e ĂŞtre rĂ©solue, alors que dans les faits cette « tabula rasa » du passĂ© s’avère surtout symbolique et sĂ©mantique.
Ă€ l’Ă©cole, il s’agit de commĂ©morer un certain passĂ© afin de crĂ©er un patrimoine commun, alors que la tendance des manuels Ă  simplifier et Ă  polariser l’histoire offre un espace de recherche aux chercheurs en sciences sociales. La mĂ©thode comparative tisse le fil rouge de ce travail, en rendant comprĂ©hensible le rapport Ă  ce territoire contestĂ©. Elle permet entre autres la modĂ©lisation des mĂ©canismes d’identification Ă  la Transylvanie, ainsi que la comprĂ©hension et l’explication des similitudes et diffĂ©rences du contenu des manuels scolaires. L’objectif de cette thèse d’interroger les relations entre les États au sein du bloc soviĂ©tique, ainsi que de mettre au jour l’utilisation de l’histoire par les rĂ©gimes communistes.
La Transylvanie n’a pas été ôtée des manuels, mais sa place a été reconsidérée, car elle est un élément essentiel des romans nationaux hongrois et roumain. Le contenu du manuel suit les transformations politiques, mais toutes les questions ne sont pas réévaluées selon les évolutions que traversent les deux régimes. Malgré le rapprochement forcé, les deux récits parallèles et rivaux demeurent, puis se renforcent au fil des années. Ainsi, le manuel peut être vu comme le miroir des relations roumano-hongroises, de la mémoire commune des années 1950 à la confrontation des années 1980.