Evaluation des conditions de développement d’une filière de gazéification de biomasse agricole au Burkina Faso
La prĂ©sente thèse a portĂ© sur l’évaluation des conditions technico-Ă©conomiques de dĂ©veloppement de la filière de gazĂ©ification de la biomasse au Burkina Faso. Pour ce faire, des informations qualitatives ont Ă©tĂ© collectĂ©es Ă partir d’entretiens de groupe avec les parties prenantes du secteur de l’Ă©nergie. Puis, un benchmarking a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© sur la technologie de pyrolyse. L’application de la mĂ©thode d’analyse hiĂ©rarchique (AHP) a permis de relever les barrières les plus importantes Ă l’adoption de la gazĂ©ification. La recherche s’est par la suite focalisĂ©e sur l’analyse plus approfondie des barrières critiques Ă l’appropriation de la technologie. Une approche d’analyse statistique considĂ©rant les paramètres d’évaluation de la disponibilitĂ© rĂ©elle de la biomasse a permis d’estimer trois niveaux de potentiel des rĂ©sidus de cultures et agro-industriels pour l’annĂ©e 2018. Le calcul s’est basĂ© sur des ratios de rĂ©sidus spĂ©cifiques Ă chaque biomasse en fonction du type de culture et de la production agricole.
Ă€ l’issue des analyses, 27 barrières ont Ă©tĂ© identifiĂ©es et classĂ©es par ordre de prioritĂ© en cinq catĂ©gories d’ordre technique, Ă©conomique et financier, socioculturel et organisationnel, politique et institutionnel, et Ă©cologique et gĂ©ographiques. Les catĂ©gories « socioculturelles et organisationnelles » et « Ă©cologiques et gĂ©ographiques », et plus particulièrement la quantitĂ© de biomasse disponible et l’organisation de la filière sont apparues comme les plus critiques pour l’adoption de la gazĂ©ification. Ainsi, une meilleure Ă©valuation du potentiel de biomasse valorisable et une meilleure organisation de la filière sont indispensables pour la mise en Ĺ“uvre de la technologie de gazĂ©ification.
Concernant la disponibilitĂ© de la biomasse, le gisement thĂ©orique des rĂ©sidus agricoles est estimĂ© Ă 8 millions de tonnes pour l’annĂ©e 2018 constituĂ© en majoritĂ© des rĂ©sidus de cĂ©rĂ©ales. Les interviews de terrain rĂ©vèlent qu’il existe une forte concurrence dans l’utilisation des rĂ©sidus, empĂŞchant leur valorisation Ă©nergĂ©tique Ă l’échelle industrielle. Seules les tiges de cotonnier et les balles de riz sont valorisables Ă 75 % et Ă 20 % des quantitĂ©s produites. Selon les estimations rĂ©alisĂ©es, le potentiel mobilisable pour la bioĂ©nergie serait, respectivement, de 723 260 et 6 497 tonnes avec un potentiel Ă©nergĂ©tique d’environ 297 125 Tep et 2 685 Tep. Le stock de rĂ©sidus le plus important est enregistrĂ© dans les localitĂ©s Ă forte production agricole telles que les Hauts-Bassins et la Boucle du Mouhoun.
L’ensemble de la chaĂ®ne de production du syngas Ă partir de ces rĂ©sidus mobilisables a Ă©tĂ© paramĂ©trĂ© en utilisant une approche d’analyse de chaĂ®ne de valeur. Compte tenu de l’absence d’une chaĂ®ne de valeur opĂ©rationnelle de production d’Ă©nergie par gazĂ©ification au Burkina Faso, les analyses ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur la base de simulations et d’hypothèses utilisant les connaissances locales, complĂ©tĂ©es par des entretiens individuels avec des transporteurs et des nĂ©gociants de produits agricoles, des opĂ©rateurs ayant dĂ©jĂ utilisĂ© la technologie, et des rapports de projets de gazĂ©ification. Il en ressort que l’activitĂ© cruciale en amont de la chaĂ®ne de production est l’acquisition de la biomasse, contribuant Ă plus de 60 % dans la formation du coĂ»t de revient global. En aval, la filière de production de syngas par gazĂ©ification des rĂ©sidus mobilisables ne peut ĂŞtre compĂ©titive avec le marchĂ© du gaz butane que si la technologie est fabriquĂ©e localement.
Les résidus agricoles pourraient contribuer durablement à la satisfaction des besoins futurs en bioénergie du secteur agro-industriel du pays. Pour y parvenir, les futurs opérateurs devraient se spécialiser à la transformation de la biomasse et établir des partenariats avec des structures qui soutiennent la mobilisation de la biomasse. Ils gagneraient à recourir à la sous-traitance pour la réalisation des activités intermédiaires telles que le transport et le prétraitement de la biomasse.